1-Définition de la Finance Islamique
La finance islamique est un système financier construit autour de principes et des
instruments spécifiques qui tirent leurs sources du fiqh mouamalat de l’Islam. Les
principales sources étant le coran parole de Dieu et les hadiths ou paroles du
prophète Mohammed (Paix et Salut sur Lui). La finance islamique n’est donc pas
comme le pensent certains un système basé seulement sur des interdictions et des
restrictions. Le fait que la loi islamique interdit de verser ou de toucher l’intérêt
n’implique pas qu’elle défend de gagner de l’argent ou encourage le retour à une
économie fondée uniquement sur les espèces ou le troc. Au contraire, elle incite
les parties à des transactions où elles partageront bénéfice et risque.
Bien que datant du 7ᵉ siècle après Jésus-Christ, finalement le consensus est de
considérer la véritable naissance de la finance islamique moderne après les années
70 suite à la création de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI)
regroupant un grand nombre de pays musulmans.
La finance islamique est présente dans la Zone BCEAO avec des directives de
2018 et au Burkina Faso, on note la présence d’une « fenêtre islamique » bancaire
(Coris Baraka) et deux institutions de microfinances islamiques (IFG et MICFIB)
De ce fait, 5 piliers de l’islam financier ont été édictés :
1) Interdiction du ‘’Riba’’ (usure, intérêt)
2) Interdiction de ‘’Gharar’’ ou de’’ Maysir’’ (incertitude, spéculation)
3) Interdiction du ’’Haram’’ (secteurs d’activités illicites)
4) Obligation de partages des pertes et profits ( 3P)
5) Obligation du principe d’adossement à un actif tangible.
Il est à souligner qu’un conseil de conformité à la charia valide le caractère
islamique d’un produit financier ou d’une transaction financière, avant sa mise
sur le marché.
2- Définition de la banque islamique
La banque islamique se définit comme :
« Un nouveau système financier qui a été développé pour sortir les gens de leur
difficulté économique et de leur solitude, pour établir une éthique économique en
conformité avec des valeurs matérielles et spirituelles et pour canaliser l’épargne
vers le secteur productif. La base de ce système est que l’intérêt est complètement
exclu, et remplacé par un système de partage de profits et de pertes ».
À la différence de la banque classique, la banque islamique interfère avec deux
types d’environnements :
– Un environnement structurel qui est celui du système financier classique
– Un environnement islamique à travers le fiqh mouamalat régissant les
transactions commerciales et financières.
L’aspect islamique se matérialise par l’imposition aux activités de la banque, des
règles éthiques précises issues du coran, de la sunna, de l’ijma, du qiyas et de
l’ijtihad.
Ces règles éthiques visent à faire de la banque islamique, une banque participative
et solidaire.
3-Les principes de l’intermédiation financière islamique
Les banques conventionnelles fonctionnent sur un modèle d’intermédiation
financière pure en mobilisant l’épargne pour la prêter aux entreprises et aux
particuliers. Leur profit vient de la différence entre les taux d’intérêt créditeurs et
débiteurs. À côté des prêts classiques, elles offrent une panoplie de services
bancaire tels que les lettres de crédit, le cautionnement, l’escompte, etc. Il leur
est interdit de faire du commerce et leurs fonds propres représentent une part
limitée des actifs nets. Aujourd’hui, les banques islamiques, remplissent
essentiellement les mêmes fonctions que les banques conventionnelles, en
assurant l’intermédiation financière pour fournir les capitaux nécessaires à
l’industrie, au commerce et autres activités.
Toutefois, en absence de taux d’intérêt, les banques islamiques se particularisent
par une intermédiation participative fondée sur le fameux principe de partage des
profits et des pertes (principe des 3 P).
4- Les revenus de l’intermédiation financière islamique
La finance islamique interdit toute rémunération sous forme d’intérêt fixé
d’avance, qu’il s’agisse des prêts accordés par les banques ou l’épargne des
clients. Dans toutes ces deux situations, la rémunération doit passer par un
partage des profits et des pertes. Il n’est pas permis de garantir une
rémunération ex-ante à la banque ou à ses clients sans prise de risque ou
sans efforts de leur part.
Le revenu de l’intermédiation de la banque islamique provient donc de sa
participation aux profits dégagés par les activités financées (Moudharaba,
Moucharaka).
Aussi, la banque rémunère ses déposants sur la base de taux de rendement
d’investissement plutôt que sur la base de taux d’intérêt.
À côté du profit partagé, les autres revenus de la banque islamique sont sous forme
de marge commerciale pour les produits de vente (Mourabaha, Salam, Istisna’a),
de loyers encaissés pour les produits de location (Ijara) et de prix de services divers rendus par la banque.
5-Les fonds propres des Institutions de Finance Islamique
Comme dans les banques conventionnelles, les fonds propres de base des banques
islamiques comprennent des éléments comme : Le capital-les réserves- les bénéfices- les fonds pour risques bancaires ou encore les provisions.
6- Les Modes de Financements islamiques.
On distingue principalement :
– Les produits participatifs
– Les produits de vente
– Les produits de location
– Les autres produits (Qard Hassan, etc.)
Dr Ismaël Nandian OUEDRAOGO
PHD en Finance Islamique
Contact : +226 74 67 47 69