Par D. Ouattara, Journaliste économique
Le 17 mai 2024, la Directrice générale des impôts, Éliane Djiguemdé, a annoncé une nouvelle opération visant à recenser et imposer les acteurs de l’économie informelle dans la région du Centre, à commencer par le marché central de Ouagadougou, connu sous le nom de « Rood Wooko ». L’objectif est d’augmenter les recettes fiscales et parafiscales pour soutenir la lutte contre l’insécurité et la gestion de la crise humanitaire.
Nous pourrions être tentés de qualifier cette initiative de « mission impossible », au regard des échecs passés dans ce domaine. Cependant, les défis colossaux que traverse le Burkina Faso en matière de sécurité et de gestion humanitaire nécessitent des ressources financières accrues. Avec la diminution des soutiens budgétaires extérieurs, cette fois pourrait bien être la bonne.
Élargissement de l’assiette et équité fiscale
La situation économique difficile des entreprises formelles au Burkina Faso, combinée à une pression fiscale accrue, a conduit à l’instauration d’une contribution spéciale de 2% sur leur bénéfice net au titre du Fonds de soutien patriotique. En revanche, de nombreux commerçants du marché central, réalisant d’énormes chiffres d’affaires, échappent encore à une imposition équitable.
En 2023, les services des impôts ont démantelé plusieurs faux informels par le biais de contrôles des entreprises effectuant des opérations douanières en inadéquation avec leur régime fiscal. Plus d’une trentaine d’entreprises déclarées sous le régime des microentreprises, mais effectuant des importations massives, ont été épinglées, permettant de recouvrer plus de 300 millions de FCFA et d’émettre des rappels de droits.
Le recensement et l’imposition de ces contribuables permettront d’élargir l’assiette fiscale et d’améliorer le rendement de ce segment, qui n’a rapporté que 2,3 milliards de FCFA en 2021, soit à peine 0,22% des recettes totales de 1 052,7 milliards de FCFA collectées par la DGI.
Amélioration du niveau de mobilisation des ressources
Au premier trimestre 2024, la direction générale des Impôts a recouvré 291 milliards de FCFA sur une prévision annuelle de 1 565 milliards de FCFA, soit 18% de l’objectif annuel, un résultat en deçà des attentes. Cette situation a conduit la Commission des finances et du budget de l’Assemblée législative de Transition à mener une mission d’information sur les difficultés rencontrées par les services des impôts.
L’opération annoncée par la Directrice générale Djiguemdé pourrait mobiliser davantage de ressources au profit du budget de l’État, lui permettant de mieux assumer ses fonctions régaliennes.
En conclusion, bien que les tentatives passées aient échoué, les circonstances actuelles imposent une nouvelle approche audacieuse et déterminée pour renforcer les finances publiques du Burkina Faso et faire face aux défis nationaux.