Le bulletin du premier trimestre 2024 du secteur de la microfinance au Burkina Faso, publié par la Direction de la surveillance et du contrôle des services financiers décentralisés, révèle des chiffres de contreperformance pour les institutions de microfinance (SFD) du pays. Le nombre total de SFD actifs s’élève à 124, comprenant 87 institutions mutualistes (IMCEC), 11 associations, 22 sociétés anonymes (SA) et 4 sociétés à responsabilité limitée (SARL). Ces institutions regroupent un total de 1 800 662 membres, répartis entre 916 229 hommes, 630 908 femmes et 253 525 groupements.
Les données financières montrent une épargne totale de 422 637 004 594 FCFA, avec une épargne moyenne par membre de 284 498 FCFA. L’encours des crédits s’élève à 368 271 363 435 FCFA, avec un crédit moyen de 1 745 246 FCFA. Cependant, le secteur est confronté à un problème majeur de créances en souffrance, qui s’élèvent à 29 765 912 903 FCFA, représentant un taux de créances en souffrance de 8,08%, bien au-dessus de la norme acceptable de 5%.
L’analyse comparative des performances financières entre le premier trimestre 2023 et le premier trimestre 2024 montre une détérioration notable. La rentabilité des fonds propres (FP) a chuté de 4,71% à 1,55%, indiquant une performance bien en deçà de la norme recommandée de 15%. Le rendement sur actif a également baissé de 0,99% à 0,34%, montrant une faible utilisation des actifs par les SFD, bien en dessous de la norme de 3%.
L’autosuffisance opérationnelle a diminué légèrement, passant de 110,99% à 107,89%, restant sous la norme de 130%. De plus, la marge bénéficiaire a baissé de 9,90% à 7,31%, indiquant une réduction de la rentabilité globale des SFD, par rapport à la norme de 20%.
Le secteur de la microfinance au Burkina Faso traverse donc une période assez difficile, avec des indicateurs financiers en déclin significatif. La rentabilité, le rendement des actifs, l’autosuffisance opérationnelle et la marge bénéficiaire sont tous en dessous des normes recommandées. Il est impératif pour les autorités et les acteurs du secteur de prendre des mesures pour inverser cette tendance et assurer la viabilité et la croissance des institutions de microfinance dans le pays.
Par Drissa Ouattara