À fin mars 2024, le secteur de la microfinance dans l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) affiche une dynamique robuste, avec un réseau de 536 Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) desservant 18,4 millions de clients. Ce réseau étendu, comprenant 4.962 points de service, témoigne de l’importance croissante de la microfinance dans la région.
Comparé à l’année précédente, le nombre de bénéficiaires a augmenté de 9%, passant de 16,9 millions à 18,4 millions, tandis que le nombre de points de service a progressé de 7,5%. Cette croissance souligne l’expansion continue des SFD en matière d’ouverture de comptes et de collecte de dépôts, malgré une baisse saisonnière des crédits octroyés au début de l’année.
Au premier trimestre 2024, les dépôts collectés par les SFD ont augmenté de 64,5 milliards FCFA (+2,8%) par rapport au trimestre précédent, atteignant 2.356,4 milliards FCFA. En glissement annuel, cette augmentation est encore plus marquée à 16,4%. Les hausses trimestrielles les plus significatives ont été observées au Togo (+4,6%), au Bénin (+8,7%) et au Burkina Faso (+2,9%).
L’encours des crédits octroyés a diminué de 72,6 milliards FCFA (-2,8%) pour s’établir à 2.515,4 milliards FCFA à fin mars 2024. Cette baisse, observée dans presque tous les pays de l’Union, est principalement due à une contraction saisonnière de la consommation après les dépenses de fin d’année. Néanmoins, en glissement annuel, l’encours des crédits a progressé de 15,9%.
La qualité du portefeuille de crédits des SFD s’est détériorée au cours du premier trimestre 2024, avec un taux brut de dégradation du portefeuille passant de 6,2% à 7,6%, bien au-dessus de la norme maximale de 3,0%. Cette dégradation résulte d’une hausse des créances en souffrance de 30,6 milliards FCFA (+19,1%) combinée à une baisse des crédits.
Malgré une dynamique de croissance positive, la maîtrise du risque de crédit demeure un défi majeur pour le secteur. Neuf institutions de microfinance sont actuellement sous administration provisoire, illustrant les défis persistants en matière de gouvernance et de gestion des risques.
Par D.Ouattara