Le comité de pilotage de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE-Burkina) a remis officiellement, ce mercredi 07 août 2024, au ministre de l’Économie et des Finances, Dr Aboubakar Nacanabo, un rapport d’étude révélant l’ampleur des flux financiers illicites (FFI) dans le secteur extractif du Burkina Faso.
L’étude, menée entre novembre 2022 et décembre 2023, a estimé les FFI à environ 2 774,59 milliards FCFA sur la période 2012-2021. Ces flux concernent principalement l’exportation de quatre produits miniers : l’or, le zinc, l’argent et le manganèse. La part la plus importante de ces flux illicites provient de l’or, représentant à elle seule 1 807,62 milliards FCFA (3 020,75 millions USD), suivie par le zinc avec 1 109,72 milliards FCFA (1 854,73 millions USD), l’argent avec 21,37 milliards FCFA (35,72 millions USD) et le calcaire dolomite avec 1,88 milliard FCFA (3,15 millions USD).
Les conséquences des FFI sur l’économie burkinabè sont désastreuses. Les pertes en termes d’infrastructures sanitaires et éducatives sont considérables. La valeur des FFI sur la période représente environ 15 867 centres de santé et de promotion sociale (CSPS) et 88 589 établissements primaires. En moyenne, les FFI représentent 37,60% de l’aide publique au développement.
Sur la période 2015-2021, les FFI ont été estimés à 2 204,59 milliards FCFA (3 686,75 millions USD), surpassant de 118,28% les recettes minières qui s’élevaient à 1 865,28 milliards FCFA (3 116,91 millions USD).
L’étude pointe du doigt plusieurs facteurs favorisant ces flux financiers illicites, notamment la faible capacité des structures administratives à exercer leur mission de contrôle, la prépondérance du secteur informel et les pratiques illégales des multinationales. De plus, des enquêtes auprès des acteurs institutionnels ont révélé un lien inquiétant entre le terrorisme et le trafic de l’or, corroboré par le démantèlement de réseaux de trafiquants.
Les données de cette étude ont été collectées auprès des acteurs du sous-secteur artisanal (artisans miniers, bijoutiers, comptoirs) ainsi que des structures administratives en charge de la surveillance du secteur extractif et des autorités judiciaires.
Ce rapport met en lumière la nécessité urgente de renforcer les capacités de contrôle et de régulation du secteur extractif au Burkina Faso afin de lutter efficacement contre les flux financiers illicites et de garantir que les ressources minières profitent pleinement à l’économie nationale et au développement du pays.
Par Ouattara