Le Fonds Monétaire International (FMI) a conclu, le vendredi 06 septembre 2024, ses consultations pour l’année 2024, avec le Togo. À l’issue de ses consultations au titre de l’article IV, l’institution financière a exprimé ses sérieuses préoccupations concernant l’augmentation rapide de la dette publique et la nécessité de réformes structurelles pour garantir la stabilité économique et sociale du pays.
En réponse aux chocs économiques récents, le gouvernement togolais a choisi d’adopter une expansion budgétaire. Cette politique a permis de stimuler la croissance à court terme et de préserver une certaine résilience économique. Cependant, les conséquences de cette stratégie ne se sont pas fait attendre. En effet, la dette publique a considérablement augmenté, effaçant les efforts de réduction de la dette obtenus lors de l’accord de la Facilité élargie de crédit (FEC) de 2017-2020 et réduisant l’espace budgétaire nécessaire pour absorber de futurs chocs. Le FMI, tout en approuvant en mars 2024 une nouvelle facilité élargie de crédit pour le Togo, a rappelé l’importance d’un assainissement budgétaire rigoureux et d’une gestion prudente des finances publiques.
Les perspectives économiques à court terme apparaissent encourageantes avec une croissance robuste, une faible inflation et un déficit courant contenu. Toutefois, cette vision optimiste ne doit pas occulter les risques qui pèsent sur l’économie togolaise. Le FMI met en garde contre une possible intensification des attaques terroristes, des difficultés à obtenir des financements à des taux abordables et des vulnérabilités dans le secteur bancaire. À plus long terme, si les efforts pour assainir les finances publiques ne portent pas leurs fruits, la viabilité de la dette pourrait être sérieusement compromise, menaçant la stabilité économique du pays.
Pour faire face à ces défis, le FMI insiste sur la nécessité pour le Togo de renforcer ses politiques budgétaires et d’engager des réformes structurelles. Le message des directeurs exécutifs est sans équivoque : sans une gestion stricte des finances publiques et une réduction du poids de la dette, la stabilité macroéconomique restera fragile. Selon l’institution de Bretton Woods, Il est crucial pour les autorités togolaises de mieux gérer les entreprises publiques, de renforcer les cadres de gouvernance et de lutte contre la corruption, et de créer un environnement plus attractif pour les investissements privés.
Cependant, le défi ne se limite pas à la gestion de la dette et des finances publiques. Le Togo est également incité à renforcer l’inclusion sociale, notamment par l’amélioration des infrastructures publiques, l’augmentation des transferts monétaires aux plus vulnérables et la promotion d’une croissance inclusive. Ces efforts devront être accompagnés d’une communication claire et cohérente pour maintenir la cohésion sociale, un point que le FMI juge essentiel pour soutenir les perspectives de croissance à moyen terme. Le Fonds recommande par ailleurs de dynamiser la zone économique spéciale et d’améliorer l’accès au crédit pour le secteur privé, tout en avertissant que ces initiatives doivent être menées avec prudence pour éviter les pièges d’une politique industrielle mal maîtrisée.
Par Ouattara