Le 30 septembre 2024, l’agence de notation Moody’s a révisé à la hausse la perspective de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), la faisant passer de « négative » à « stable ». Elle a également confirmé la note d’émetteur à long terme en devises étrangères et les notes de premier rang non garanties en devises étrangères à Baa1.
Facteurs clés de la décision
D’après les informations fournies par Moody’s, plusieurs éléments ont motivé cette révision de perspective. En premier lieu, la confirmation de la note Baa1 reflète le soutien financier conséquent des actionnaires de la BOAD, tant sur une base régulière qu’en cas de circonstances exceptionnelles. De plus, la solidité du profil de liquidité de la banque, avec un accès facile au refinancement de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), contribue à renforcer sa position.
L’amélioration continue du bilan de la BOAD joue également un rôle important en atténuant les pressions potentielles sur la qualité de ses actifs. Grâce à une utilisation efficace des outils de rehaussement de crédit, à des principes de gouvernance rigoureuse et à un cadre de gestion des risques solide, la banque a su consolider sa situation.
Renforcement des fonds propres et nouvelles initiatives
Le soutien à la solidité financière de la BOAD se manifeste aussi par la mise en œuvre de l’augmentation générale de capital et de l’émission d’instruments hybrides, ainsi que par l’entrée de nouveaux actionnaires non régionaux bien notée. Entre 2024 et 2027, la banque recevra en moyenne 120 millions de dollars par an au titre de versements en capital, représentant environ 18 % du capital libéré disponible à fin 2023.
En 2023, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) a, par exemple, pris une participation initiale de 30 millions de dollars, contribuant ainsi à l’objectif de 222 millions de dollars de nouvelles actions réservées aux actionnaires non régionaux. Par ailleurs, la BOAD a maintenu un ratio de prêts non performants (PNP) relativement stable au cours des quatre dernières années, malgré les défis tels que la pandémie, l’inflation mondiale et l’instabilité politique en Afrique de l’Ouest.
Impact de la levée des sanctions de la CEDEAO
La levée des sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en février 2024 a également joué un rôle clé dans l’amélioration de la perspective de Moody’s. Ces sanctions, en vigueur depuis août 2023 contre le Niger, avaient entraîné des arriérés de paiement de plus de 300 milliards de francs CFA. Ces arriérés, qui concernaient plusieurs banques de l’UEMOA, dont la BOAD, s’élevaient à 34,2 milliards de francs CFA en avril 2024.
Depuis la levée des sanctions, le Niger a remboursé 50 % de ses arriérés envers la BOAD et a mis en place un plan de remboursement pour le reste, un effort couronné de succès jusqu’à présent.
Réactions de la BOAD
La Banque Ouest Africaine de Développement s’est félicitée du rehaussement de sa perspective et de la reconnaissance du respect de ses engagements. « Elle est déterminée à préserver et renforcer ses fondamentaux en vue d’augmenter ses capacités d’intervention et ses impacts sur les économies et populations de la zone UEMOA. Le soutien de nos actionnaires et en particulier de nos États membres et de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) est le socle de notre crédibilité et je tiens ici et de façon solennelle à remercier chacun d’entre eux pour leur indéfectible soutien », s’est réjoui le Président de la Banque, M. Serge EKUE.
Par Bernadette W.Gansonré