Le vendredi 4 octobre 2024, les rideaux sont tombés sur la première édition des Business Days, au Pavillon du Soleil Levant du SIAO, à Ouagadougou. Les acteurs du secteur bancaire et ceux de l’artisanat ont échangé sur plusieurs thématiques en lien avec la collaboration entre les deux secteurs d’activité.
Les banques et établissements financiers du Burkina Faso et les artisans se reconnaissent mutuellement. Dans l’optique de briser cette barrière et de permettre un véritable développement du secteur artisanal, l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina (APBEF-B), en collaboration avec la Chambre des métiers de l’artisanat du Burkina (CMA -BF), a organisé la première édition des Business Days. Ouverte le 3 octobre 2024, l’édition a refermé ses portes le 4 octobre 2024 à travers une cérémonie de clôture. Au cours de ladite cérémonie, une synthèse des communications données tout au long de la première journée a été présentée.
Concernant le premier thème, intitulé « Produits et services bancaires : offre, conditions d’accès et innovations », les participants ont souligné la méconnaissance du secteur artisanal par les banques, ainsi que le caractère standard des produits bancaires, qui ne tiennent pas forcément compte des spécificités des artisans, ce qui explique le refus de financement auquel les associations d’artisans font face. Ils ont également relevé l’insuffisance de l’esprit entrepreneurial chez beaucoup d’artisans, d’où l’appel à un changement de mentalité et de posture. Des recommandations ont été formulées sur ce thème, telles que l’engagement d’une réflexion entre l’APBEF-B et la CMA-BF pour examiner les voies et moyens afin de proposer des produits adaptés aux besoins des artisans et la spécialisation des agents bancaires dans le financement de l’artisanat, un secteur encore méconnu des banques.
Concernant le deuxième thème, à savoir « Crédit bancaire : gestion, bonnes pratiques et entraves à l’accès », les participants ont relevé, entre autres, la lenteur des procédures d’octroi et de mise en place des crédits, les difficultés des artisans à mobiliser un apport personnel et des garanties, ainsi que la non prise en compte par les banques des retards de paiement imputables à l’État. À ces observations s’ajoutent les difficultés liées à la réalisation des intérêts moratoires malgré l’application systématique des pénalités de retard d’exécution des marchés publics. Ainsi, il a été recommandé de développer des produits adaptés aux métiers de l’artisanat pour une meilleure prise en compte de ses spécificités et d’accompagner davantage les artisans, à l’image de ce qui est fait pour le monde paysan.
Le troisième thème, qui a fait l’objet de communication, portait sur le plan d’affaires : sa définition, son importance et son contenu. Il en ressort que les artisans font souvent appel à des personnes non qualifiées pour le montage de leur business plan et pire, beaucoup d’entre eux ne communiquent pas les vrais chiffres nécessaires à la constitution de ce dernier. Les recommandations incluent la promotion de l’éducation financière au profit des artisans et la formation des banques sur le financement de l’artisanat, à l’instar de ce qui a été fait pour l’industrie culturelle.
En ce qui concerne le dernier thème, il portait sur la présentation du secteur de l’artisanat burkinabè, ses potentialités et son financement. Ce thème a été développé par le Directeur général (DG) de la CMA-BF, Seydou Tou, qui a recommandé la mise en place d’un dispositif de fonds de garantie et l’encouragement à la formalisation des entreprises artisanales. M. Tou a insisté sur l’importance d’aider les artisans à mieux s’organiser et sur la nécessité de signer une convention entre la CMA-BF et l’APBEF-B pour faciliter le financement du secteur artisanal. Les participants ont également souligné la rude concurrence des produits importés et les coûts élevés des produits artisanaux burkinabè. Pour remédier à cela, ils ont recommandé de renforcer les actions visant à encourager la consommation de produits locaux, d’explorer des mécanismes de financement alternatifs pour l’artisanat et d’améliorer la communication autour de l’artisanat burkinabè. Parmi les recommandations formulées pour booster le secteur artisanal, figurent la négociation de lignes de financement en faveur des artisans par l’entremise de la Chambre des métiers de l’artisanat, ainsi que l’institutionnalisation d’une Journée de l’artisan burkinabè avec à la clé une rencontre avec le chef de l’État
Selon le DG de la CMA-BF, Seydou Tou, les séances B to B ont permis aux artisans de mieux connaître les établissements de crédit au Burkina Faso. « Ils repartent satisfaits du déroulement de cette première édition des Business Days, qui leur ont permis de mieux appréhender le secteur bancaire, ses acteurs et les conditions d’accès. Ils ont également démontré leur savoir-faire en exposant leurs différents produits issus de diverses filières », a-t-il déclaré.
Par la même occasion, il s’est fait le porte-voix des artisans en affirmant que ceux-ci sollicitent plus d’accompagnement de la part du secteur bancaire afin de traduire leurs idées en réalité.
Par Léon Yougbaré