Construire 9 millions de salles de classe et recruter 11 millions d’enseignants pour absorber environ 170 millions d’enfants et d’adolescents dans le cadre d’une éducation universelle d’ici 2030. C’est ce que préconise le rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale, paru le lundi 14 octobre dernier à Washington, intitulé « Transformer l’éducation pour une croissance inclusive ».
Réformer l’éducation en Afrique n’est plus une option, mais un impératif afin de permettre une croissance plus rapide et inclusive. Pour y parvenir, le dernier rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale, publié le lundi 14 octobre à Washington, souligne la nécessité d’un investissement important dans le secteur à travers deux facteurs. Le premier est de stabiliser les économies. La seconde consiste à transformer l’éducation de manière à doter une main-d’œuvre en plein essor de bases de connaissances plus solides et de compétences en adéquation avec les attentes du marché du travail.
Le rapport révèle qu’en Afrique, la population en âge de travailler augmente plus rapidement que dans les autres régions du monde, en raison de la réduction de la mortalité infantile enregistrée ces vingt dernières années. Pour parvenir à l’éducation universelle d’ici 2030, les systèmes éducatifs en Afrique devraient être en mesure d’absorber environ 170 millions d’enfants et d’adolescents. Pour ce faire, il est impératif de construire environ 9 millions de salles de classe et de recruter 11 millions d’enseignants.
En termes de statistiques, 7 enfants sur 10 n’ont pas accès à un enseignement primaire et moins de 1,5% des jeunes âgés de 15 à 24 ans suivent une formation professionnelle. Cependant, Africa’s Pulse reconnaît les avancées notables déjà enregistrées en Afrique, notamment avec environ 270 millions d’enfants scolarisés (primaire et secondaire) et une amélioration du taux d’achèvement des études primaires depuis 2000.
Africa’s Pulse fait un clin d’œil à l’Afrique subsaharienne dans son rapport. Selon les prévisions de la 30ᵉ édition du rapport économique semestriel de la Banque mondiale sur l’Afrique subsaharienne, l’activité régionale devrait progresser de 3 % en 2024 contre 2,4 % l’an dernier. Cette croissance est soutenue par la hausse de la consommation et de l’investissement privé. Quant à l’inflation, elle devrait passer de 7,1 % à 4,8 % sous l’effet de politiques monétaires et budgétaires plus strictes, de la stabilisation des devises et d’une diminution des perturbations d’approvisionnement.
Cependant, le rapport indique que le PIB par habitant (0,5 %) n’a pas évolué en 2024. Or, de 2000 à 2014, il a connu une croissance moyenne de 2,4 %. Cette stagnation est liée aux conflits et aux changements climatiques. À cela s’ajoute l’explosion des coûts du service de la dette. Rien que pour l’année 2024, le service de la dette publique devrait représenter 34 % des recettes publiques.
Pour l’économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, Andrew Dabalen, les gouvernements africains, dans leurs efforts pour stabiliser leurs économies et réduire les déficits budgétaires, butent sur le lourd fardeau de la dette, qui constitue un frein aux investissements dans les secteurs essentiels tels que l’éducation, la santé et les infrastructures.
Par Léon Yougbaré