Moody’s a confirmé ce mercredi 23 octobre 2024 les notations de la Caisse Régionale de Refinancement Hypothécaire de l’UEMOA (CRRH-UEMOA), tout en modifiant la perspective de l’émetteur de « négatif » à « stable ». Cette décision concerne les notes Ba2 pour la dette à long terme en monnaie locale et Ba3 pour la dette à long terme en devises étrangères. Les cotes pour les émissions à court terme en monnaie locale et étrangère ont également été réalisées.
L’agence de notation internationale justifie cette perspective par un changement notable de l’environnement économique au sein de l’UEMOA. Depuis la levée des sanctions qui avaient été imposées au Niger en février 2024, la CRRH-UEMOA a pu récupérer les fonds auprès des banques nigérianes, étendant ainsi certains risques qui pesaient sur ses opérations. La Côte d’Ivoire, moteur économique de la région, connaît une diversification croissante de son économie, soutenant ainsi la stabilité régionale. Le Bénin, de son côté, affiche une résilience renforcée grâce à des réformes structurelles. De plus, Moody’s a récemment ajusté la perspective du Togo, passant de « négatif » à « stable », ce qui a réduit également les inquiétudes.
Moody’s souligne également le rôle crucial de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) dans cette dynamique. Premier actionnaire de la CRRH-UEMOA avec une participation de 24 %, la BOAD est un acteur clé pour stabiliser cette institution en cas de besoin. Sa propre note a été confirmée à Baa1, ce qui démontre sa solidité financière et son engagement dans le soutien des projets de développement dans la région. Cette relation étroite entre la BOAD et la CRRH-UEMOA a d’ailleurs été un facteur déterminant dans la confirmation de la note Ba2 de la CRRH-UEMOA, qui bénéficie ainsi d’un soutien stratégique en cas de difficulté.
Cependant, malgré cette évolution favorable, des défis persistants. La CRRH-UEMOA reste limitée par son modèle d’activité centré uniquement sur le refinancement hypothécaire, ce qui réduit sa marge de manœuvre et sa rentabilité. Sa capitalisation de base, bien que modeste, devrait s’améliorer en 2024 à la suite d’un exercice de levée de fonds. Moody’s souligne également que le contexte régional reste fragile. Les tensions politiques dans des pays comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger, qui envisagent de quitter la CEDEAO, constituent un risque pour la stabilité économique de l’ensemble de l’UEMOA.
En ce qui concerne les perspectives à venir, les notes de la CRRH-UEMOA pourraient être relevées si l’environnement économique régional continue de s’améliorer et si la capitalisation et la rentabilité de l’institution progressent de manière significative. À l’inverse, une dégradation des conditions économiques ou un affaiblissement du soutien de la BOAD pourrait entraîner une baisse des notations. Moody’s a clairement indiqué que la capacité de la CRRH-UEMOA à surmonter ces défis dépendra largement de l’évolution des économies de l’UEMOA et de la capacité des États à maintenir leur stabilité budgétaire.
Par Ouattara