Niamey et le Fonds Monétaire International (FMI) viennent de franchir une étape décisive. Un accord de principe a été conclu entre les autorités nigériennes et les équipes du FMI pour la sixième revue du programme de facilité élargie de crédit (FEC) et la deuxième revue de la facilité pour la résilience et la durabilité (RSF). Si cet accord est approuvé le Conseil d’administration du FMI en décembre 2024, cela ouvrirait la voie à un financement de 13,16 millions de droits de tirage spéciaux (DTS), soit environ 17,4 millions de dollars (environ 10,15 milliards FCFA) pour soutenir les besoins de financement du pays. Par ailleurs, la révision de la RSF pourrait aboutir au décaissement de 25,66 millions de DTS, représentant près de 34 millions de dollars (environ 19,85 milliards FCFA).
Cette assistance intervient dans un contexte de défis significatifs pour le Niger. L’économie nigérienne, touchée par des inondations récentes et des contraintes de liquidité dans le secteur bancaire, devrait cependant afficher une reprise vigoureuse. La croissance est attendue à 8,8 % en 2024, alimentée par les exportations de pétrole, une saison agricole favorable et la levée de certaines sanctions. En 2025, une croissance soutenue de 7,9 % est anticipée, avec une inflation qui devrait retomber à 3,7 %.
Malgré ces prévisions positives, plusieurs risques pèsent sur le Niger. La situation sécuritaire reste volatile et pourrait affaiblir davantage l’économie si elle se dégrade. En parallèle, la capacité budgétaire pourrait se réduire si les conditions de financement régionales se durcissent encore. Des facteurs externes, comme les fluctuations des prix des matières premières et les effets des conflits régionaux, notamment au Moyen-Orient, ajoutent une pression supplémentaire sur l’économie nigérienne.
Dans ce cadre, la FEC est un instrument clé pour le Niger. Elle vise à stabiliser l’économie, tout en promouvant une croissance inclusive et tournée vers le secteur privé. Certes, des écarts par rapport aux objectifs budgétaires ont été notés, notamment dans les recettes fiscales et l’accumulation d’arriérés sur la dette. Cependant, les autorités nigériennes demeurent engagées à atteindre le seuil de 3 % de déficit du PIB fixé par l’UEMOA pour 2025. Des réformes fiscales sont également en cours, avec une simplification du système, un élargissement de l’assiette fiscale, et une stratégie de gestion des recettes pétrolières en développement.
Le RSF, quant à lui, soutient les efforts climatiques du Niger en répondant aux défis croissants du changement climatique, visant ainsi à renforcer la résilience des moyens de subsistance. Les réformes pour mieux suivre les dépenses climatiques, analyser les risques budgétaires liés aux catastrophes naturelles et intégrer ces aspects dans les projets d’investissement public avancent bien. L’objectif est clair : protéger les ressources naturelles et favoriser une croissance durable.
Les autorités nigériennes, en collaboration avec le FMI, poursuivent également des discussions sur des mesures macroéconomiques pour renforcer la résilience économique du pays. Cela inclut une gestion plus efficace des ressources naturelles, une amélioration de la transparence, et un renforcement de la lutte contre la corruption, autant d’éléments essentiels pour encourager la participation du secteur privé.
Par Ouattara