En août 2024, le déficit budgétaire du Nigeria a atteint un niveau de 7,6 % du PIB, bien au-delà de l’objectif de 3,8 % fixé en début d’année. Alors que l’Assemblée nationale avait approuvé un budget de 28,7 billions de nairas, soit environ 10 045 milliards de FCFA, en prévoyant un déficit de 9,1 billions de nairas (3 185 milliards de FCFA), la réalité budgétaire semble bien plus sombre. Les recettes projetées de 19,5 billions de nairas (6 825 milliards de FCFA) sont loin d’être atteintes, avec seulement 37,9 % de cet objectif réalisé au premier semestre 2024, signe des difficultés structurelles rencontrées par le gouvernement pour mobiliser ses ressources fiscales.
La contre-performance des recettes, imputée notamment aux faiblesses du Comité d’affectation des comptes de la Fédération (CCAF), entrave la capacité du Nigeria à honorer ses engagements financiers. Même si les revenus non distribués ont progressé de 33,31 % par rapport à 2023, le manque à gagner reste alarmant avec un chiffre inférieur de 62,1 % aux prévisions annuelles. À la mi-année, le déficit atteignait déjà 91,94 % de l’objectif annuel, soulignant la probabilité croissante de dépasser largement les prévisions de dépenses.
Face à ces défis, les dépenses d’investissement, pourtant cruciales pour le développement économique, continuent de reculer, les dépenses récurrentes absorbant une grande partie des ressources. Cette situation met en lumière la nécessité d’un rééquilibrage budgétaire vers des projets d’immobilisations qui pourraient favoriser la croissance à long terme.
Toutefois, la politique monétaire restrictive menée par la Banque centrale du Nigeria (CBN) a permis de réduire la demande d’importations, contribuant ainsi à un excédent de la balance des paiements de 2,47 milliards de dollars (environ 1 482 milliards de FCFA) sur la période récente. Les réserves extérieures ont bondi, atteignant 40 milliards de dollars en novembre 2024, soit 24 000 milliards de FCFA, couvrant désormais plus de sept mois d’importations, un signe de résilience dans un environnement budgétaire difficile.
Par Amhed Coulibaly