La capitale mauritanienne Nouakchott a abrité le 10ᵉ Forum de haut niveau sur le pastoralisme au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Ce fut l’occasion pour les participants de dresser le bilan de la première déclaration intervenue il y a 10 ans, réfléchir sur les défis climatiques et les conflits qui sévissent dans la région afin de prendre de nouveaux engagements pour accélérer le développement des filières élevage et la sécurisation des systèmes pastoraux.
Les participants au Forum du 8 novembre dernier, étaient des décideurs politiques, des représentants des organisations pastorales et agro-pastorales, des membres du secteur privé, ainsi que des représentants d’organisations régionales et de la société civile. Ils provenaient des pays du Sahel et d’Afrique de l’Ouest, notamment du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée, du Libéria, du Mali, de la Mauritanie. , du Niger, du Nigeria, du Sénégal, de la Sierra Leone, du Tchad et du Togo. En 2013, le Forum appelait à la sécurisation des modes de vie et des moyens de production des populations pastorales pour accroître le produit brut des activités d’élevage et augmenter significativement leurs revenus, à travers ce qui était appelé la « Première Déclaration de Nouakchott de 2013″. Dix ans après, les résultats sont jugés positifs par les acteurs.
Tout d’abord, dans le cadre des projets régionaux coordonnés par le Comité permanent Inter-États de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS), plus d’un milliard de dollars, soit plus de 500 milliards FCFA, ont été mobilisés entre 2013 et 2024 et investit dans les infrastructures, l’amélioration de la santé animale et l’accès aux services. Cela a été rendu possible grâce au soutien technique et financier de la Banque mondiale et d’autres partenaires.
Ensuite, des progrès notables ont été réalisés au cours des dix dernières années. Ainsi, plus de 13 millions d’hectares d’espaces pastoraux ont été placés sous gestion durable. À cela, s’ajoute la réalisation de 559 points d’eau supplémentaires, ainsi que le balisage et la sécurisation de près de 4 200 km de couloirs de transhumance. En matière de santé animale, plus de 600 millions d’animaux ont été vaccinés, 137 vétérinaires formés, et 415 parcs de vaccination supplémentaires construits. De plus, près de 56 000 personnes, dont plus de 86 % de femmes, ont bénéficié d’activités visant l’inclusion économique et sociale, leur permettant de renforcer et de diversifier leurs activités économiques. Enfin, les infrastructures marchandes ont été renforcées avec la construction de 362 marchés à bétail supplémentaires.
Changement climatique, insécurité et pression foncière : des défis persistants
Cependant, ces réalisations sont confrontées à plusieurs fléaux, notamment les effets du changement climatique, l’insécurité qui sévit dans la région et la pression foncière. Ces défis constituent une grave menace pour la viabilité des systèmes de production, d’où la nécessité d’une action collective renforcée pour faciliter la mobilité. C’est pourquoi les participants, d’une même voix, ont lancé un appel à l’engagement des États en faveur de la construction de la paix et du développement des territoires ruraux, pastoraux et agro-pastoraux au Sahel et en Afrique de l ‘Ouest. Cela implique de valoriser les systèmes d’élevage et de renforcer la complémentarité entre agriculture et élevage, constituant ainsi le socle d’un développement inclusif et durable des économies nationales et régionales.
10ᵉ Forum de Nouakchott : une étape décisive pour l’avenir des millions de pasteurs et agro-pasteurs
Face aux multiples défis du secteur, des actions urgentes doivent être menées. Dans ce sens, les représentants des pays se sont engagés d’une part à apporter le soutien politique nécessaire et d’autre part à mobiliser des ressources financières et humaines tant internes qu’externes. Aussi, ils ont promis la mobilisation des investisseurs privés pour développer des chaînes de valeurs animales, notamment en matière d’approvisionnement en aliments pour le bétail, de production de viande et de collecte et transformation du lait local. Quant aux partenaires qui ont pris part au forum, ils ont réitéré leur disponibilité à poursuivre leur accompagnement technique et financier pour la mise en œuvre des conclusions. Si bien que ce Forum se positionne comme une plaque tournante pour l’avenir de ces millions de personnes qui dépendent fortement du pastoralisme et de l’agro-pastoralisme.
Par Léon Yougbaré