Le Nigeria est confronté à une pression budgétaire sans précédent. Entre janvier et août 2024, le coût du service de la dette extérieure a bondi de 107,7 %, atteignant 3,8 billions de nairas, soit environ 13 300 milliards FCFA. Ce montant dépasse largement les prévisions initiales du budget 2024, qui estimaient cette charge à 1,83 billion de nairas, environ 6 400 milliards FCFA. Ces chiffres alarmants proviennent du Cadre de dépenses à moyen terme et de la Stratégie budgétaire 2025-2027, récemment publiés par le Bureau du budget nigérian. Selon le rapport, la déviation entre les prévisions et les réalisations représente une augmentation de 1,97 billion de nairas, soit environ 6 900 milliards FCFA en seulement huit mois.
En revanche, le service de la dette intérieure est resté relativement conforme aux prévisions budgétaires, avec un dépassement modeste de 2 %. Alors que 3,53 billions de nairas, soit à peu près 12 300 milliards FCFA, étaient prévus, les dépenses effectives ont atteint 3,6 billions de nairas, environ 12 600 milliards FCFA, soit une différence de 71 milliards de nairas, évaluée à 25 milliards FCFA.
Pour l’ensemble du service de la dette, incluant la dette intérieure, extérieure, les fonds d’amortissement et les intérêts. Le budget prévoyait une enveloppe totale de 7,41 billions de nairas, soit environ 25 900 milliards FCFA. Cependant, au cours de cette période, seulement 5,51 billions de nairas, soit environ 19 300 milliards FCFA, ont été versés, représentant 34,4 % du montant total budgété. Cette situation souligne la difficulté croissante à maîtriser les finances publiques dans un contexte de dépenses galopantes.
Plusieurs facteurs expliquent cette explosion des coûts liés à la dette publique. Parmi eux, la dépréciation continue du naira alourdit considérablement le coût du service de la dette extérieure payée en devises étrangères. En outre, l’augmentation des emprunts intérieurs à des taux d’intérêt élevés contribue également à la montée de la dette publique. Cette année, le ratio dette/PIB du Nigeria a dépassé pour la première fois le seuil des 50 %, selon les chiffres révisés du PIB publiés fin mars 2024. Cette tendance inquiète les experts économiques, car elle met en évidence la fragilité budgétaire du pays et pourrait avoir des conséquences à long terme sur l’économie.
L’évolution des coûts du service de la dette constitue un signal d’alarme pour le gouvernement nigérian. La gestion des finances publiques devra être plus rigoureuse pour contenir cette spirale d’endettement qui absorbe une part croissante des ressources publiques, au détriment d’autres secteurs clés comme les infrastructures et les services sociaux.
Par Ouattara