Un pétrolier transportant de l’essence produite par la nouvelle raffinerie Dangote au Nigeria a récemment jeté l’ancre au large des côtes togolaises. Bien que ce premier transfert semble modeste, il pourrait marquer le début d’un bouleversement du marché des carburants en Afrique de l’Ouest.
Le CL Jane Austen a chargé plus de 300 000 barils d’essence à la raffinerie Dangote avant de naviguer vers Lomé, selon des données compilées par Bloomberg à partir de plusieurs sources, notamment Vortexa, Kpler et Precise Intelligence. Aujourd’hui, le navire se trouve dans une zone prisée pour les transferts de cargaison de navire à navire.
Ce premier mouvement de carburant met en lumière le potentiel de la raffinerie de 650 000 barils par jour (bpj) – la plus grande d’Afrique et d’Europe une fois pleinement opérationnelle – à transformer les flux d’importation et d’exportation de produits pétroliers dans la région. Alors que le Nigeria continue d’importer du carburant d’Europe et des États-Unis, la raffinerie Dangote pourrait inverser cette tendance, devenant un fournisseur clé pour ses voisins.
Une alternative régionale pour les pays africains
En effet, plusieurs pays du continent, dont le Ghana, le Bénin, le Togo et l’Afrique du Sud, pourraient se tourner vers cette nouvelle source d’approvisionnement. Le Ghana, en particulier, examine cette opportunité avec attention. Mustapha Abdul-Hamid, directeur général de l’autorité de régulation du pétrole au Ghana, a récemment déclaré que l’importation d’essence depuis la raffinerie Dangote pourrait réduire les coûts de fret et ainsi faire baisser les prix des biens et des services.
« Si la raffinerie atteint une capacité de 650 000 bpj, tout ce volume ne pourra pas être consommé uniquement par le Nigeria. Importer depuis le Nigeria serait bien plus économique que d’importer de Rotterdam, et cela devrait se refléter dans les prix locaux », a-t-il affirmé.
Un impact potentiel sur le marché régional
L’éventuelle montée en puissance de Dangote pourrait non seulement alléger la facture énergétique des pays africains, mais aussi diminuer la pression sur leurs marchés des changes. Pour le Nigeria, elle offrirait une solution à sa dépendance coûteuse aux importations de carburant, un paradoxe pour le premier producteur de pétrole brut d’Afrique.
Toutefois, des interrogations subsistent : quelles quantités seront réellement exportées et à quel rythme ? Le gouvernement nigérian a récemment mis fin au monopole de sa compagnie pétrolière d’État sur l’achat de carburant domestique, ouvrant la voie à une réorganisation du marché local.
Alors que la raffinerie se rapproche de sa pleine capacité opérationnelle, prévue pour cette année ou l’année prochaine, ses premiers signaux envoient un message clair : une nouvelle ère énergétique pourrait s’ouvrir pour l’Afrique de l’Ouest, avec le Nigeria au cœur du changement.
Par Ouattara