Selon le rapport du Fonds Monétaire International, la bonne tenue de la production extractive porterait le PIB de l’Union économique et monétaire ouest-africaine à 6,3 % en 2025. Cependant, ces perspectives restent tributaires de l’évolution de la conjoncture internationale, de la situation socio-politique et sécuritaire de l’Union, ainsi que des effets du changement climatique.
En 2025, la gestion des finances publiques des États membres de l’Union serait marquée par la poursuite de la réduction des déficits budgétaires, qui passeraient de 5,4 % du PIB en 2024 à 3,0 %. Le taux d’endettement public se situerait à 60,9 % du PIB en 2025.
Après deux années consécutives de déficit, les échanges extérieurs de l’UEMOA se solderaient par un excédent en 2024 et 2025. Cet excédent serait en rapport avec l’accroissement des exportations de pétrole et de gaz, lié à la mise en production de nouvelles unités de production en Côte d’Ivoire, au Niger et au Sénégal. Cette amélioration serait également soutenue par des termes de l’échange plus favorables et le retour de certains pays de l’Union sur les marchés financiers internationaux des capitaux. Le solde global de la balance des paiements ressortirait excédentaire de 111,7 milliards en 2024 et de 1.722,2 milliards en 2025, après un déficit cumulé de 6.873,5 milliards en 2022 et 2023. La couverture des importations par les réserves de change se situerait à 3,7 mois en 2024 et 4,5 mois en 2025, contre 3,4 mois en 2023. La situation monétaire serait marquée par un ralentissement du financement du secteur privé. Le rythme de progression des crédits à l’économie se situerait à 5,9 % en 2024 et 8,7 % en 2025, après 9,4 % en 2023. Le taux d’inflation dans l’Union, en moyenne annuelle, devrait se situer à 3,0 % en 2025.
En 2025, les cours des principales matières premières, hors pétrole, exportées par les pays de l’Union devraient globalement se replier de 2,2 %. Ce repli pourrait être lié à la baisse anticipée des prix du cacao, du coton fibre et de l’huile de palme. Sur la période 2026-2029, l’indice des cours des matières premières exportées par les pays de l’Union devrait se replier, en moyenne annuelle, de 4,4 %. Pour les produits pétroliers en particulier, les cours mondiaux se replieraient graduellement sur la période 2024-2025, mais devraient se maintenir au-dessus de 75,0 dollars le baril. En effet, le cours moyen du pétrole brut (WTI) passerait de 77,5 dollars en 2023 à 76,4 dollars en 2024, puis à 75,1 dollars en 2025.
Les cours internationaux des produits alimentaires importés devraient poursuivre leur détente en 2024 et 2025. Les cours mondiaux des produits alimentaires importés par les pays de l’UEMOA devraient se replier entre 2024 et 2025. Selon les prévisions issues du FMI et de la FAO, l’indice des prix des produits de base alimentaires importés devrait baisser, en variation annuelle, de 9,1 % en 2025. L’orientation baissière serait due notamment à la stagnation de la demande mondiale et aux évolutions favorables de l’offre sur les marchés.
Dynamisme du secteur minier
Au Burkina Faso, au cours des prochaines années, le secteur minier devrait renouer avec son dynamisme, à la faveur de la reprise de la production, en rythme normal, des mines qui étaient à l’arrêt, et de l’entrée en production, en 2025, d’au moins quatre nouvelles mines, à savoir les mines de SALMA MINING SA, KONKERA SA, KIAKA Mining et POURA LIMITED RESOURCE, en phase de développement. Au Mali, les investissements dans le secteur aurifère devraient se poursuivre avec les opérations d’exploration de nouvelles mines et l’exploitation de celles existantes. La production de lithium est attendue, avec un niveau d’environ 250.000 tonnes en 2025.
Le secteur tertiaire demeurerait le principal moteur de la croissance économique de l’Union, avec une contribution de 3,3 points de pourcentage (pdp), en lien notamment avec la bonne tenue des activités de services (1,0 pdp) ainsi que des sous-secteurs “Commerce, restaurants et hôtels” (0,7 pdp) et “Transports, entrepôts et communications” (0,6 pdp). Le dynamisme économique serait également imputable au regain d’activité dans le secteur primaire, sous l’effet de la hausse de la production agricole au cours de la campagne agricole 2024/2025. La bonne orientation des récoltes est consécutive aux conditions météorologiques globalement favorables. La contribution du secteur secondaire est estimée à 1,2 pdp, à la faveur du renforcement des activités industrielles (manufacturières et extractives) et du dynamisme du sous-secteur des bâtiments et travaux publics (BTP).
Prévision de la BCEAO
Pour l’année 2025, les prévisions de la BCEAO révèlent une hausse de 6,3 % du PIB réel de l’Union, qui serait induite par l’orientation favorable de l’activité dans l’ensemble des secteurs. L’expansion économique proviendrait notamment du renforcement des productions extractives et manufacturières, consécutif à l’exploitation des hydrocarbures en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Niger, ainsi qu’à la hausse de la production minière, en particulier celle de l’or. Cette situation, couplée à l’augmentation anticipée de la production agricole durant la campagne 2025-2026, favoriserait le développement de l’activité dans les branches “Commerce”, “Transports et communications” et “Autres services”. Les contributions à la croissance économique ressortiraient à 3,4 pdp pour le secteur tertiaire, 1,8 pdp pour le secteur secondaire et 1,1 pdp pour le secteur primaire.
L’analyse des emplois du PIB montre que l’expansion économique en 2025 serait portée par la robustesse de la demande intérieure, en lien avec l’amélioration de 6,1 % attendue du revenu par tête en 2025 et le maintien par la plupart des pays du rythme de réalisation des investissements dans les infrastructures socio-économiques de base. L’apport de la consommation finale serait de 4,0 pdp et celui des investissements s’élèverait à 1,4 pdp. Le secteur extérieur contribuerait à la croissance économique pour 0,9 point, en raison de l’augmentation des exportations, notamment de produits miniers, pétroliers et gaziers.
Enfin, la progression de la masse monétaire de 12,4 % serait induite par l’évolution des créances intérieures et la consolidation attendue de 1.722,2 milliards des actifs extérieurs nets (AEN) des institutions de dépôt. Le financement des activités des secteurs privé et public serait soutenu, avec un rythme de croissance des créances sur l’économie qui ressortirait à 8,7 %, et des créances nettes sur les APUC qui augmenteraient de 1.123,1 milliards.
Par Bernadette W.Gansonré