L’activité monétaire au sein de l’UEMOA a poursuivi son dynamisme de progression malgré un contexte sécuritaire et humanitaire difficile dans certains pays. Ainsi, la liquidité bancaire, à terme du troisième trimestre 2024, a augmenté de 98,3 milliards FCFA. Cette progression est portée par l’augmentation des versements nets de billets aux guichets des banques (+532,3 milliards) et le solde positif des opérations des banques avec les Trésors (+365,4 milliards). Cependant, les sorties de ressources induites par le solde négatif des transferts nets effectués par les banques, avoisinant 800 milliards FCFA , ont partiellement contrebalancé cette tendance favorable.
Sur la même période, les concours de la Banque Centrale aux banques ont augmenté de 76,6 milliards FCFA , pour s’établir à 8 708,2 milliards FCFA .
Entre le 16 août et le 15 septembre 2024, période de constitution des réserves obligatoires, celles-ci ont atteint 1 210,3 milliards FCFA , tandis que les réserves constituées affichaient en moyenne 2 649,5 milliards FCFA , soit un excédent de 1 039 ,2 milliards FCFA par rapport au minimum requis.
Au troisième trimestre 2024, les taux d’intérêt sur le marché monétaire sont restés stables par rapport aux périodes précédentes. Le taux d’intérêt moyen pondéré au guichet d’appels d’offres à une semaine de la BCEAO a demeuré à 5,50 % , identique au trimestre précédent. Sur le marché interbancaire, ce taux a légèrement progressé, passant de 6,01 % à 6,08 % . Le volume des transactions trimestrielles a été dominé à 66 % par les opérations d’une maturité d’une semaine, contre 59 % le trimestre précédent, avec un taux de 6,10 % .
Au cours du troisième trimestre 2024, les conditions monétaires dans l’UEMOA se sont durcies, l’indice global enregistrant une hausse de 1,2 % . Cette période a également été marquée par une augmentation du taux créditeur moyen des banques sur les dépôts à terme, qui a atteint 5,29 % , tandis que le taux débiteur a progressé à 7,07 % , en hausse trimestrielle et annuelle. Par pays, les hausses les plus importantes des taux débiteurs ont été enregistrées au Mali (+42 points de base), en Guinée-Bissau (+12 points) et au Niger (+11 points). Le Burkina Faso, le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont également enregistré des augmentations de 7 points , 3 points et 1 point , respectivement. En revanche, des baisses ont été notées au Bénin (-29 points) et au Togo (-10 points).
Entre fin juin et fin septembre 2024, la masse monétaire a continué de croître, passant d’un taux de croissance de 3,2 % à 3,8 % . Cette évolution est caractérisée par une hausse des créances intérieures de 8,3 % , bien que les actifs extérieurs aient enregistré une baisse de 8 % .
De septembre 2023 à septembre 2024, l’encours des créances intérieures a progressé de 8,3 % , atteignant 4 620,3 milliards FCFA . Sur une base annuelle, les créances sur l’économie de la sous-région ont augmenté de 4,1 % à fin septembre 2024, contre 5,3 % trois mois plus tôt.
À fin septembre 2024, les 400 plus grandes entreprises utilisatrices de crédits bancaires (GEUCB) devaient 9 815,9 milliards FCFA aux banques, contre 9 694 milliards FCFA trois mois plus tôt, soit une progression de 1,3 % sur le trimestre et de 5,4 % sur un an. Ces crédits représentaient 29,5 % des crédits bancaires à l’économie, contre 29,3 % un an plus tôt. En Guinée-Bissau, cette partie atteignait 58,9 %, tandis qu’au Niger, elle s’élevait à 52,8 %.
L’encours des financements transfrontaliers s’est établi à 367 milliards FCFA à fin septembre 2024, soit 3,7 % du total des gros risques. Par pays, 33,4 % des créances provenaient du Burkina Faso, suivi du Bénin (19,1 %) et du Niger (17,5 %). Cependant, la qualité du portefeuille des établissements de crédits régionaux s’est dégradée, le taux brut de dégradation atteignant 9,1 %, contre 8,9 % le trimestre précédent.
Par Léon Yougbaré