L’équipe managériale de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) de l’UEMOA a présenté le bilan de l’année 2024 de l’institution et dévoilé, par la même occasion, les perspectives pour l’horizon 2025-2030. Il ressort ainsi qu’au titre de l’année 2024, la BRVM a enregistré, avec une seule introduction, une capitalisation boursière record de plus de 2 000 milliards FCFA. Cette performance a permis à la bourse de franchir le cap des 10 000 milliards de FCFA de capitalisation, contre 1 000 milliards à son lancement en 1998, soit une multiplication par dix. Cette évolution place la BRVM au 5ᵉ rang africain en termes de volume de capitalisation, derrière les bourses de l’Égypte et du Nigéria, la première place revenant à celle de Johannesburg (plus de 985,70 milliards de dollars). Toutefois, en termes de performance, la BRVM occupe la 7ᵉ place africaine derrière la bourse du Ghana, la bourse kenyane étant leader.
L’un des indicateurs clés de la BRVM en 2024, selon son directeur général, Dr Félix Edoh Kossi Amenounve, est l’entrée remarquable de la Loterie nationale du Bénin (LNB S.A.), qui constitue la 22ᵉ introduction boursière depuis 1998, la première du secteur de la loterie et la deuxième du pays après celle de BOA Bénin. Par ailleurs, des sociétés du secteur bancaire, notamment les filiales du groupe Bank of Africa au Bénin, au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Sénégal, ont connu une augmentation de leur capital en raison de la décision de la banque centrale de porter le capital minimum des banques à 20 milliards FCFA. Le capital cumulé des cinq banques s’élève à 573,692 milliards FCFA. D’autres sociétés cotées ont également effectué des capitalisations spectaculaires au cours de l’année, le top 5 étant porté par Orange Côte d’Ivoire (2 634,468 milliards FCFA) et Coris Bank International (316,320 milliards FCFA) ferme la marche de ce top 5.
L’année 2024 a aussi été marquée par l’accroissement des valeurs de plusieurs entreprises, dont les cinq premières sont BOA Mali (+86,20 %), BICI CI (+86,12 %), SAPH CI (+76,17 %), Sucrivoire (+63,16 %) et Orange CI (+60,35 %).
En outre, 29 nouvelles introductions ont été enregistrées sur le marché obligataire durant l’année écoulée pour un montant de 1 639 milliards FCFA. Quant aux indices, ils ont progressé de 28,64 % pour le BRVM 30 et de 28,89 % pour l’indice Composite. Cet indice, d’ailleurs, enregistre une progression moyenne annuelle de 10 % sur 20 ans. Le directeur général a précisé qu’en cinq ans, l’indice a progressé de 73,34 %, de 65,70 % en 12 ans et de 215,06 % en 20 ans. Ces résultats, selon M. Amenounve, témoignent que la BRVM est une bourse rentable. Il a expliqué que le changement de la configuration des bourses, couplé à une dynamique d’espoir de croissance dopant le moral des investisseurs, a permis d’éviter le rouge à la BRVM, malgré une année 2024 marquée par une forte inflation et des taux d’intérêts élevés.

Concernant l’évolution de la valeur et du volume des transactions, Dr Edoh Kossi a déclaré : « Il y a plus de transactions sur le marché, aussi bien par les petits porteurs que par les institutionnels », même si, a-t-il précisé, les volumes sont légèrement en baisse, les valeurs transigées restent relativement importantes. Ainsi, ce sont 517 748 titres qui ont été échangés en moyenne par jour sur le marché, pour 1,85 milliard FCFA. En 12 mois, les transactions se chiffrent à 65 milliards FCFA, soit une augmentation de 16,42 %.
En ce qui concerne le poids dans l’économie sous-régionale, la BRVM représente 15 % du PIB de l’UEMOA. À ce niveau, le premier responsable de l’administration boursière a indiqué la nécessité d’entreprendre des efforts supplémentaires afin de « faire passer la BRVM du statut de bourse de marché frontière à celui de bourse émergente », ce qui exige un ratio de 30 % sur le PIB communautaire. « C’est un long chemin, certes, mais c’est possible au cours des années à venir », a-t-il rassuré.
Fort de ces résultats encourageants, la direction de l’administration boursière entend, d’ici 2030, avoir une BRVM verte, digitale, disruptée et complète. Pour y parvenir, elle compte miser sur les enjeux de durabilité et de changement climatique, tout en tenant compte de l’évolution démographique et des besoins immobiliers, avec la nécessité de construire 250 000 logements chaque année. En outre, il sera question d’émettre des produits adaptés à la jeunesse et d’optimiser les rendements et couvertures à travers un marché des produits dérivés.

Par ailleurs, Dr Edoh Kossi a dévoilé une liste de leviers jugés importants pour le développement du marché au cours des prochaines années. Il s’agit, entre autres, d’élaborer une politique budgétaire vertueuse, d’accélérer le développement des champions nationaux et de diversifier le secteur privé. « Pour une bonne transition de l’économie d’endettement vers celle des marchés, il faut miser sur les fonds de Private Equity », a-t-il affirmé, avant d’ajouter qu’il est également nécessaire de mobiliser l’épargne locale et celle de la diaspora, d’utiliser l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies. Selon lui, la prise en compte de la sécurité, de la cybersécurité et de la durabilité dans les stratégies des entreprises sont des leviers essentiels pour développer le marché boursier.
Par Léon Yougbaré