La dette publique du Nigeria a franchi un nouveau seuil, atteignant 142,3 billions de nairas (environ 49 805 milliards de FCFA) à fin septembre 2024, marquant une hausse de 5,97 % par rapport à 134,3 billions de nairas (environ 46 005 milliards de FCFA) en juin. Ces données, publiées par le Bureau de gestion de la dette (DMO) du pays, mettent en lumière un problème croissant pour la nation africaine, notamment les effets combinés des emprunts intérieurs accrus et de la dépréciation de la monnaie nationale par rapport aux devises étrangères.
L’augmentation de la dette extérieure en naira est particulièrement frappante. Bien que la dette extérieure en dollars ait enregistré une modeste hausse de 0,29 %, passant de 42,90 milliards de dollars à 43,03 milliards de dollars entre juin et septembre 2024, sa conversion en naira a vu une envolée de 9,22 %. En effet, le passage du taux de change de 1 470,19 nairas pour un dollar en juin à 1 601,03 nairas en septembre a considérablement gonflé l’équivalent en naira, passant de 63,07 billions de nairas (environ 22 575 milliards de FCFA) à 68,89 billions de nairas (environ 24 116,5 milliards de FCFA). Cette dépréciation continue du naira par rapport au dollar a ainsi exacerbé le poids de la dette extérieure.
En parallèle, la dette intérieure a également connu une hausse, bien que les chiffres soient moins alarmants. En dollars, la dette intérieure a diminué de 5,34 %, passant de 48,45 milliards de dollars à 45,87 milliards de dollars. Cependant, en naira, elle a augmenté de 3,10 %, atteignant 73,43 billions de nairas (environ 25 701,5 milliards de FCFA), contre 71,22 billions de nairas (environ 24 927 milliards de FCFA) au mois de juin. Le gouvernement fédéral a pris en charge la majeure partie de cette dette, qui a augmenté de 3,38 % pour atteindre 69,22 billions de nairas (environ 24 227 milliards de FCFA). De son côté, la dette des États et du Territoire de la capitale fédérale (FCT) a légèrement diminué.
Les obligations du gouvernement fédéral demeurent la composante prédominante de la dette intérieure, avec une hausse de 4,47 % à 54,65 billions de nairas (environ 19 127,5 milliards de FCFA), représentant désormais 78,95 % de l’encours total. Cette croissance est en grande partie liée à l’émission d’obligations en naira, ainsi qu’à l’introduction de la première obligation nationale libellée en dollars, qui a ajouté 1,47 billion de nairas (environ 514,5 milliards de FCFA) à l’encours total de la dette.
Les autres composantes de la dette intérieure, telles que les bons du Trésor et les Sukuk, ont montré des évolutions contrastées. Les bons du Trésor ont diminué de 0,66 %, tandis que les billets à ordre ont connu une augmentation de 5,80 %. Les Sukuk, destinés à financer les infrastructures, ont vu une baisse de 9,14 %, tandis que les obligations d’épargne ont enregistré une forte hausse de 16,11 %, traduisant un intérêt croissant des investisseurs particuliers.
Quant à la dette extérieure, bien que relativement stable en termes absolus, elle révèle des ajustements au niveau des prêts multilatéraux et bilatéraux. La dette multilatérale, dominée par des institutions telles que la Banque mondiale, a augmenté de 0,67 %, représentant désormais 50,60 % de l’encours total de la dette extérieure. Les prêts bilatéraux ont légèrement diminué de 1,33 %, avec des réductions notables des prêts en provenance de la Chine, le principal prêteur bilatéral du Nigeria. Enfin, les prêts commerciaux, principalement sous forme d’euro-obligations, sont restés inchangés à 15,12 milliards de dollars.
Par Drissa Ouattara