À l’occasion du Sommet africain de l’énergie 2025, visant à fournir de l’électricité à 300 millions d’Africains, qui s’est tenu du 27 au 28 janvier en Tanzanie, des experts ont réfléchi aux moyens de relever le défi énergétique auquel le continent fait face, malgré son potentiel minéral. Cette réflexion s’est tenue autour d’un panel dont le thème était « Tirer parti du plan directeur continental africain et du marché unique de l’électricité en tant que catalyseurs ».
Conscients que l’énergie est la pierre angulaire du développement et ayant en ligne de mire la mise en place du marché unique africain de l’électricité (AfSEM), les intervenants ont recommandé, en premier lieu, de maintenir des tarifs abordables à travers tout le continent. Ce marché, l’un des plus grands au monde avec 54 États membres, est attendu pour 2040. La réalisation de son plan directeur nécessite des investissements de 1 300 milliards de dollars.
Ensuite, ils ont invité les gouvernements à accorder une place croissante aux énergies renouvelables et au mix énergétique, tout en maintenant la position de l’Afrique comme étant l’émetteur le moins important de gaz à effet de serre. Enfin, les experts ont suggéré un renforcement des capacités des États membres et une préparation adéquate des projets.
Par ailleurs, l’une des solutions proposées par les experts concerne le renforcement des partenariats pour la mobilisation des investissements. La Commission de l’Union africaine, en collaboration avec le NEPAD, travaille déjà avec d’autres partenaires à la mise en œuvre de projets énergétiques sur le continent. La vice-présidente de la Banque mondiale pour l’Afrique australe, Victoria Kwakwa, a rappelé qu’en 2017, sept milliards de dollars ont été mobilisés pour l’intégration des marchés grâce à un financement concessionnel. Autre exemple : le Kenya achète aujourd’hui 100 mégawatts d’électricité à l’Éthiopie, une capacité qui pourrait atteindre 400 mégawatts grâce à l’interconnexion réalisée entre ces deux pays en 2022. Elle a également encouragé les partenariats multi-acteurs entre les secteurs public et privé, ainsi que les banques multilatérales de développement.
En outre, investir dans la connectivité régionale, ou dans le développement de pools électriques régionaux, fait partie des approches développées par les intervenants lors du panel. Bien que des projets existent dans ce domaine, les experts estiment que des réformes sont nécessaires pour une meilleure intégration régionale afin de créer et tirer parti des synergies. « Les grands projets dépassent l’échelle d’un seul pays, et avec un pool électrique régional, on peut réduire les coûts et opérer efficacement, tout en assurant la durabilité de la production électrique », a souligné pour sa part Joseph Nganga, vice-président pour l’Afrique au sein de l’Alliance mondiale de l’énergie pour les peuples et la planète.
Pour conclure, la réglementation apparaît comme primordiale, voire impérative, dans la réalisation de projets énergétiques. Selon Kamugisha Kazaura, directeur de l’infrastructure et de l’énergie à la Commission de l’Union africaine, l’intérêt majeur du Sommet africain de l’énergie de Dar es Salaam réside dans son rôle catalyseur pour la prise de décision au plus haut niveau, notamment sur la réglementation. Il a ajouté : « Les chefs d’État vont s’engager à mettre en place un environnement réglementaire propice à la réalisation de la Mission 300, y compris l’intégration régionale. »
Par Léon Yougbaré