Lors d’un panel organisé à l’occasion du sommet de l’électricité Mission 300, à Dar es Salaam, le mardi 28 janvier 2025, les principaux investisseurs privés du secteur de l’énergie en Afrique ont plaidé pour l’ouverture du transport et de la distribution d’énergie aux entreprises privées. Ce secteur est traditionnellement dominé par des entreprises publiques, ce qui entrave les investissements et l’accès à l’électricité pour des millions de personnes à travers le continent. Ce sommet, co-organisé par la Tanzanie, le Groupe de la Banque africaine de développement, le Groupe de la Banque mondiale et l’Union africaine, a réuni des chefs d’État, des responsables gouvernementaux et des investisseurs privés pour aborder cette question cruciale.
Intitulé « Le rôle de l’investissement privé dans le secteur de l’énergie en Afrique », ce panel a été l’occasion pour les hauts cadres du secteur privé énergétique de plaider pour l’ouverture du transport et de la distribution d’énergie aux entreprises privées. Dans son intervention, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a plaidé pour la suppression des obstacles à l’implication du secteur privé, soulignant la nécessité de garanties souveraines pour attirer les investissements. Poursuivant son propos, il a affirmé que la combinaison des sources d’énergie renouvelables avec le gaz naturel permettait de fournir une électricité fiable 24h/24 et 7j/7.
Citant le Maroc, l’Égypte et l’Afrique du Sud comme exemples de réformes réussies, Hussain Al Nowais, président du géant émirati de l’énergie AMEA Power, a mis en exergue l’importance d’investir dans les réseaux de distribution. Aminu Umar-Sadiq, PDG de la Nigeria Sovereign Investment Authority (NSIA), a pris la relève en mettant l’accent sur l’importance de la mobilisation des capitaux locaux et la nécessité de cadres réglementaires efficaces. Quant à Makhtar Diop, directeur général de la Société financière internationale (IFC), il a souligné le rôle essentiel du secteur privé dans le financement du transport et de la distribution de l’électricité. En effet, la participation du secteur privé attirerait des investissements substantiels, essentiels pour élargir l’accès à l’électricité à travers l’Afrique. Pour lui, cela inclut les investissements dans les énergies renouvelables.
Globalement, la discussion a abordé des défis tels que le manque de garanties souveraines pour les projets énergétiques, rendant l’investissement privé plus risqué. Pour y remédier, les intervenants ont souligné la nécessité pour les gouvernements de prendre des mesures afin d’atténuer ces risques, notamment en rationalisant les processus réglementaires. L’exemple du succès du Togo avec AMEA Power a ainsi été cité comme modèle d’administration efficace.
En rappel, le Sommet sur l’énergie en Afrique, Mission 300, a regroupé lundi et mardi une trentaine de chefs d’État et de gouvernement africains ainsi que des investisseurs, des fondations, des responsables d’institutions financières et de développement bilatérales et multilatérales. Son objectif est de mobiliser les énergies et les ressources afin de permettre à 300 millions de personnes en Afrique d’avoir accès à l’électricité d’ici 2030 grâce à des Pactes nationaux mis en œuvre par les gouvernements avec le soutien des partenaires techniques et financiers ainsi que des investissements privés.
Par Bernadette W.Gansonré