L’exécutif ghanéen, dans le cadre de ses politiques fiscales, envisage de supprimer la taxe électronique, celle sur les paris ainsi que celle sur les émissions, en raison de leur poids sur les entreprises et les particuliers. Une décision qui risque cependant de plonger le pays dans un défi budgétaire important, car elle entraînera un manque à gagner significatif dans les recettes publiques.
Le défi pour le gouvernement est de trouver des mécanismes pour compenser ce déficit en introduisant des impôts alternatifs ou en réduisant les dépenses publiques. Selon Gideon Ayi Owoo, associé des services fiscaux et réglementaires de Deloitte Ghana, les entreprises devraient anticiper l’introduction de taxes alternatives par le gouvernement. Il s’exprimait à l’occasion du webinaire Deloitte Ghana 2025 Tax and Regulatory Outlook.
Par ailleurs, l’inflation, accentuée par les droits et prélèvements d’importation, représente un autre défi, bien que ces derniers jouent un rôle crucial dans les recettes publiques. La question se pose donc de savoir si la réduction de ces taxes à l’importation pourrait stimuler l’industrialisation et l’agro-industrie locales. Pour Gideon Ayi Owoo, réduire les droits et taxes à l’importation pourrait effectivement soutenir ces secteurs. Les acteurs du secteur commercial et industriel, quant à eux, plaident depuis longtemps pour une baisse de ces taxes, estimant qu’une telle mesure encouragerait davantage d’investissements dans la production locale.
En tout état de cause, les prévisions des experts indiquent une forte probabilité que le gouvernement introduise de nouvelles taxes en remplacement de celles supprimées afin de compenser le manque à gagner. Ces mesures pourraient prendre la forme d’impôts sur la consommation plus élevés, de prélèvements sur les sociétés ou d’ajustements des tranches d’imposition existantes.
Du côté du gouvernement, la stratégie est d’augmenter les recettes sans augmenter les impôts, selon le ministre des Finances, Dr Cassiel Ato Forson, devant la commission des nominations parlementaires. À l’en croire, il n’est pas question d’ajuster un quelconque taux d’imposition pour générer des revenus destinés aux efforts de reconstruction du pays, mais plutôt d’améliorer la conformité fiscale comme mesure clé. « Nous n’avons pas nécessairement besoin d’augmenter les impôts pour accroître les recettes. Nous avons les outils à notre disposition et je travaillerai en étroite collaboration avec l’Autorité fiscale du Ghana (GRA) pour garantir que nous collectons les recettes nécessaires en améliorant la conformité », a-t-il déclaré. Selon l’approche du nouveau gouvernement, la taxe électronique, la taxe sur les paris et la taxe sur les émissions nuisent à la population. Cependant, la réalité économique impose que leur suppression soit accompagnée d’un plan solide de remplacement des recettes, sans quoi le risque de tensions financières ne peut être écarté.
Par Léon Yougbaré