Les projets d’énergie indépendants (IPP) en Afrique, financés par le secteur privé, rencontrent des difficultés liées aux risques de change et de convertibilité, compromettant ainsi leur accessibilité et leur durabilité. Pour y remédier, la Banque africaine de développement (BAD) et le cabinet d’audit et de conseil KPMG Afrique du Sud ont présenté un nouveau modèle de financement visant à exploiter les richesses minérales de l’Afrique et à accélérer la transition énergétique. Ce modèle est détaillé dans un rapport intitulé New Mechanism for Mitigating Currency Risk to Support Africa’s Energy Transition, soit en français Nouveau mécanisme d’atténuation du risque de change pour soutenir la transition énergétique de l’Afrique. Il a été présenté lors du Sommet africain de l’énergie, tenu du 27 au 28 janvier 2025 à Dar es Salam, en Tanzanie.
Selon le rapport, les pays africains, dans le cadre de la réalisation de projets d’infrastructures énergétiques, peuvent regrouper leurs ressources minérales dans une « devise non circulante » adossée à un panier diversifié de matières premières critiques disponibles sur le continent. Le rapport souligne que cette « devise non circulante » offre une alternative à la dépendance traditionnelle au financement libellé en dollars américains et en euros, tout en garantissant des niveaux de stabilité des taux de change, généralement absents des devises locales des pays participants.
Tirer parti du potentiel minéral critique de l’Afrique
Les vastes ressources en minéraux critiques de l’Afrique représenteraient environ un tiers de la quantité nécessaire pour assurer la transition énergétique mondiale. En développant ce nouveau mécanisme de financement, la BAD entend inciter les pays africains à en tirer parti, car la demande de minéraux critiques continuera de croître de façon exponentielle au cours des 30 prochaines années, positionnant ainsi l’Afrique comme un acteur incontournable de la transition énergétique mondiale.
L’un des avantages majeurs de ce nouveau modèle de financement est qu’il permet de créer un environnement attractif pour des investissements à moindre coût, tout en accélérant le développement des infrastructures. Le rapport ajoute qu’« un déploiement réussi réduira le coût du capital pour les projets d’énergie propre, encouragera la coopération et l’intégration financières transfrontalières et renforcera la position de négociateur du continent sur les marchés mondiaux des ressources ». En conséquence, le continent pourra réduire considérablement le déficit de financement de 400 milliards de dollars (environ 240 000 milliards FCFA) par an, soutenir la réalisation des Objectifs de développement durable, et assurer la sécurité énergétique ainsi que la prospérité économique à long terme.
Par Léon Yougbaré